Apprentissage de la lecture
Témoignage #1
Un parent d’élève livre ses observations de l’apprentissage de la lecture de ses enfants et, notamment, du benjamin qui débute sa 3ème année À l’Ère Libre. Un apprentissage régulier et progressif entre autodidaxie et demandes d’accompagnement précises et ponctuelles.
Je suis mère de 3 enfants, ancienne professeure des écoles, co-fondatrice et membre du personnel d’À l’Ère Libre.
La rédaction de cet article m’a amenée à me poser cette question : Quel rapport ai-je eu avec l’apprentissage de la lecture durant les années passées au sein de l’Éducation Nationale ? C’est étrange pour moi de constater que je n’ai jamais vraiment accordé plus d’importance que cela à cet apprentissage, que je n’ai jamais aimé créer des situations artificielles et vide de sens pour « apprendre à lire ». Étrange constat, en effet, car sur 13 ans de professorat, 10 l’ont été en école maternelle avec des moyens-grands. Deux années d’école « pré-élémentaire » que l’institution affectionne pour « préparer » le petit humain à sa première année de cours préparatoire, où l’activité principale sera celle « d’apprendre à lire ».
Donc pour moi, cela a été 10 années au cours desquelles j’ai peint, dansé, chanté, joué, rigolé, discuté, accompagné en répondant à une demande précise, lu divers albums, romans, poèmes et poésies à haute voix, et laissé vivre ceux avec qui je partageais une année scolaire… Et aucun des élèves des classes, dont j’avais la responsabilité, n’a intégré un CP avec un statut de non lecteur.
Cette confiance en un apprentissage naturel de la lecture a donc été partagé et vécu en famille. Mes 3 fils ont chacun un parcours différent dans cet apprentissage puisque chacun a connu un environnement scolaire différent en CP et CE1.
Je n’ai jamais su si mon fils aîné savait lire en quittant la grande section de maternelle, car à cette époque il n’a jamais manifesté d’intérêt pour déchiffrer quoique ce soit. En revanche, je me souviens qu’il nous a montré qu’il lisait dès le début de son CP et qu’il n’avait pas de difficultés de compréhension ; c’était fluide. Par la suite, je me souviens aussi d’un garçon qui dévorait les livres en toute occasion.
Mon fils cadet, après 3 ans de maternelle dans l’éducation nationale, a vécu les années de CP et de CE1 dans une école Montessori. Il a manipulé les séries roses, bleues et vertes sans véritable envie car il s’agissait de les étudier seul. Et ce n’est pas son mode d’apprentissage. J’ai souvenir d’un enfant qui, en fin de journée, s’interrogeait sur les graphèmes et phonèmes et qui savait lire en fin de CE1.
Pour E. 9 ans aujourd’hui et benjamin de cette fratrie, le parcours scolaire est le plus « atypique » : 2 années en école Montessori, suivies de 2 années en famille en format « unschooling » et d’À l’Ère Libre depuis septembre 2018. Et concernant l’apprentissage de la lecture, c’est le seul pour lequel je suis en capacité de retracer assez précisément les diverses étapes qui l’ont mené à une totale autonomie.
Entre ses 5 et 9 ans, E. est entré de manière progressive, et plutôt régulière, dans la lecture avec des demandes d’accompagnement espacées les unes des autres.
C’est lors de sa première année d’Instruction en Famille, en novembre / décembre 2016 et janvier 2017, que sa demande d’accompagnement a été la plus intensive. En parallèle des lectures parentales, il « lisait » seul et souhaitait s’assurer des associations qu’il déduisait. Il a, alors, choisi d’utiliser la méthode LES ALPHAS et de réaliser les divers jeux proposés. En février 2017, il a annoncé son souhait de stopper l’accompagnement et de reprendre ses lectures en autodidacte.
Puis, de mars 2018 à mai 2018, il a sollicité un nouvel accompagnement et a choisi d’utiliser la série rose de la méthode Montessori. A côté de cela, il a lu en autonomie des « Sami… » de niveau CP. Une fois cette série terminée, il n’a pas voulu poursuivre avec la série bleue car il se sentait en capacité de lire en autonomie ce que proposait cette série. À compter de mai 2018, il n’a plus demandé aucun accompagnement.
De septembre à décembre 2019, E. a lu quotidiennement, intensément, et principalement avant de se coucher. Étudier avant de dormir, se poser les questions les plus importantes de la journée, à la nuit tombée, une fois dans son lit, est une caractéristique commune aux trois garçons et, selon moi, à l’ensemble des petits humains.
Å partir de janvier / février 2020, E. nous a partagé des lectures à haute voix et a ostensiblement adopté une posture et un comportement de lecteur en toute occasion. Depuis juin 2020, il lit tout ce qui lui plaît et comprend tout ce qu’il lit.
En ce mois d’octobre 2020, E. est un enfant heureux de lire seul, de lire à haute voix avec ses frères, ses parents ou ses copains, et qui apprécie toutes les nombreuses et nouvelles activités que la lecture lui permet.