Des poneys À l’Ère Libre!
Jeudi 20 octobre, sous un doux soleil et des températures printanières, nous avons accueilli, pour notre plus grand bonheur, trois nouveaux membres à l’école.
Pompon, une adorable petite ponette Shetland de 20 ans, avec un bébé dans le ventre que les enfants ont pu sentir avec émerveillement en la brossant… « j’ai senti le bébé poney bouger !! »
Franklin, un petit mâle Shetland de 17 ans très vif et infatigable, qui nous a bien fait rire avec sa façon de promener les petits humains de son pas pressé.
Et Gao, un grand et magnifique poney de 7 ans très fin et délicat qui a fait forte impression par son allure … « mais c’est pas un poney, c’est un cheval ! »
Ils étaient très attendus, en début d’après-midi, et leur arrivée a provoqué un véritable frétillement d’excitation avec tout un panel d’émotions. Les enfants les plus à l’aise étaient très fiers de pouvoir aider Cindy à tenir les poneys et les conduire dans le parc, sous le grand chêne, escortés de près par les plus téméraires et de loin par les curieux un peu méfiants. D’autres encore ont préféré regarder la scène de très loin, en se rongeant les ongles d’angoisse. Un petit groupe a mis du temps avant de sortir de la maison ; apparemment peu intéressés par l’évènement… ils ne sont plus reparti ensuite.
Nos charmants visiteurs venant tout droit du pré, ils étaient couverts de boue séchée. Après un petit temps d’adaptation, dans les deux camps, toutes les brosses ont trouvé des petites mains, et sont venues brosser et caresser les robes de nos amis. À trois ou quatre par poney, il n’a pas fallu longtemps avant de voir leurs poils briller ! Pompon a même eu droit à des tresses dans sa crinière, pour qu’elle soit encore plus belle.
Pendant ce temps, Cindy a préparé un véritable petit circuit dans le parc, avec des obstacles naturels, des plots et des barres au sol.
Premier défi : faire le parcours avec le poney à la main. « Trop facile ! » pour quelque uns, impossible pour d’autre, à première vue seulement ! Quel bonheur d’observer la distance se rétrécir entre les poneys et les enfants chez qui la peur était très vive. Sans rien forcer, en laissant le temps, ils ont réussi à surmonter cette peur. L’envie était trop forte, l’occasion trop belle, les conditions réunies. La magie a opéré.
Deuxième défi : faire le parcours sur le dos du poney tenu en main par un autre enfant. J’ai adoré la fluidité du moment, chacun prenant un rôle, s’échangeant les rôles, sans aucun conflit. L’entraide pour monter sur le dos, en descendre, la délicatesse des guides… « tu veux le grand ou le petit parcours ? » ; le petit permettant d’éviter l’obstacle principal, le gros creux qui impose une descente puis une remontée, voire des petits sauts avec Franklin le rigolo !
J’ai participé avec bonheur, apportant mon aide du fait de ma taille pour monter et descendre du grand et majestueux Gao, et qu’elle n’a pas été ma surprise de voir J., en fin de journée, me demander de l’aider à se hisser tout là-haut, lui qui, quelques heures plus tôt, nous disait qu’il avait « très, très peur et surtout de lui » en pointant le beau cheval. Il avait toujours peur, mais il a choisi de la dépasser. De se dépasser. Il était d’abord tout voûté, comme pour réduire la hauteur entre sa tête et le sol et se protéger d’un potentiel danger. Je l’ai invité à respirer, à se déployer, à profiter de cet instant… ce qu’il a fait avec une facilité assez déconcertante.
Très vite, la file d’attente pour monter sur Gao s’est allongée, et pas seulement d’enfants ! Ensuite est venue l’heure de la récompense, avec la distribution générale de carottes, de câlins et de derniers brossages, avant de leur dire au revoir.
Ce jour-là, chacun a dépassé ses croyances, repoussé ses limites et/ou surmonté sa peur et tout le monde a gagné en confiance. Confiance en soi d’abord, et aussi confiance en l’autre, celui qui tient le poney et respecte ta demande. A aucun moment nous n’avons été poussés à faire quelque chose que nous ne souhaitions pas faire. Au contraire, nous avons laissé faire et laissé le choix. Nous avons tous choisi, et de ce choix est née la fierté. Dans tous les regards, dans tous les corps, cette fierté était palpable et irradiait naturellement. C’est un privilège et une grande joie pour moi d’avoir été témoin de cela. La confiance est quelque chose qui se construit, et le cheval est un formidable vecteur.
Merci à Cindy et Marius pour cette superbe proposition et leur générosité, merci à Pompon, Franklin et Gao pour leur bravoure et leur patience, et merci à chaque membre de l’école, de 6 à 46 ans, pour les rires, les sourires, et la joie qui ont marqué cette magnifique et mémorable journée À l’Ère libre.