De l’importance de la posture
Le point de vue d’une des fondatrices d’À l’Ère Libre sur l’importance de notre corps physique et de notre posture dans toutes relations humaines.
J’ai pris conscience il y a quelques années de la façon dont j’avais tendance à entrer en relation avec autrui. Que ce soit un inconnu, une connaissance ou une amie, je me positionnais toujours en dessous, en retrait, que ce soit pour émettre mon opinion ou pour échanger sur des sujets que je connaissais pourtant plutôt bien. Comme si j’étais moins importante que l’autre, forcément moins intéressante, « moins que ». Il m’a toujours été difficile de me placer au même niveau que mon interlocuteur-ice. Voire impossible pour peu que ce dernier ou cette dernière aime parler un peu fort et longtemps.
Ce mode d’interaction, dominé-dominant, est très répandu dans nos sociétés occidentales et, selon la personne à laquelle on s’adresse, il est fréquent de passer d’un camp à l’autre. Personnellement, c’est dans mon rôle de maman qu’un jour j’ai brutalement ouvert les yeux sur ma posture de dominatrice envers mes enfants. Tout d’un coup, je me suis vue, sur mon piédestal, posant un regard vertical sur ces petits êtres que j’aime de tout mon cœur. Et soudainement, cela n’allait plus de soi. Ce jour a marqué le début d’un cheminement personnel hors des sentiers battus, avec de grosses remises en question.
Je me suis mise à l’écoute de mes ressentis, et de mes enfants. J’ai vu, en me mettant à leur hauteur, toute leur richesse et leur profonde sagesse. J’ai changé de posture, et je me sens tellement plus grande depuis que j’ai quitté ma tour de contrôle ! … enfin adulte. L’horizontalité permet de réels échanges, plus authentiques, plus profonds, plus féconds, et surtout bien plus équilibrés. Je propose mon expérience, j’accompagne, sans imposer ni m’imposer. Et je ne porte plus tout sur mes épaules, je renvoie chacun à soi-même et je me sens beaucoup plus légère.
Bon, il m’arrive encore de remonter sur mon tabouret, et de reprendre de la hauteur, en particulier quand je suis fatiguée ou stressée. On ne se débarrasse pas facilement d’un schéma intégré très tôt dans la vie ! Mais aujourd’hui je peux compter sur mes enfants pour me le faire remarquer, et surtout sur mon ressenti intérieur car chaque fois, je constate que mon cœur se ferme, que je me durcie. Je deviens rigide. Alors je respire, je prends du recul voire du temps pour moi si besoin, et je reviens sur le sol, avec souplesse… encore et encore.
Qu’on fasse des mathématiques, du yoga, que l’on danse ou que l’on philosophe ensemble, peu importe. L’essentiel, pour moi, n’est pas dans le contenu mais dans la posture de « l’enseignant ». J’en apprends au moins autant qu’eux, chaque fois. Quand on entre en relation avec son cœur, qu’on se place à la hauteur de l’autre, quel que soit son âge et ses différences, chacun-e s’enrichi-e. L’attention, l’écoute, l’amour sont des ingrédients magiques.
Et depuis que je suis consciente de ma posture, ça marche dans les deux sens ! Dorénavant, j’ose beaucoup plus exprimer mon opinion, exposer ma vision, participer aux discussions… j’ai encore une belle marge de progression, mais j’avance. Je me sens bien plus confiante, bien plus vivante. Je recommande vivement à chacun de se hisser à la hauteur…des enfants 😊