De Montessori aux Écoles Démocratiques : mon expérience # 2
Éducatrice en école Montessori, puis membre du personnel d’À l’Ère Libre suite à une expérience bénévole de 8 mois, Amaryllis partage sa vision et son expérience personnelles. Ce second article est consacré aux différences entre ces deux modes d’instruction.
Je précise de nouveau que cet article parle de ma vision des choses et de mon expérience personnelle, en fonction des écoles que j’ai connues. Il est certain que, d’une école à l’autre, même au sein de la même pédagogie, il existe de nombreuses différences. Chaque équipe pédagogique, selon leur identité, leur parcours et leurs intentions, donne une direction différente à leurs écoles.
Il existe de nombreux points communs entre ces deux pédagogies. Mais il existe aussi quelques différences dont je vais parler à présent.
Le matériel Montessori
Le matériel Montessori est ce que je préfère dans cette méthode. Pour moi, il est merveilleusement bien conçu. Il a tellement de qualités : sensoriel, concret, clair, beau. Je pourrais passer des heures à en parler. Nombreux sont les adultes qui disent s’être réconcilier avec les mathématiques grâce au matériel Montessori. J’adore le présenter aux enfants.
Le matériel Montessori a été créé pour cette méthode mais il est tellement efficace qu’on le retrouve parfois dans les classes traditionnelles ou dans les rayons de certains magasins. Les créateurs des écoles démocratiques n’ont jamais identifié ce matériel comme indispensable à leur fonctionnement. Cependant, il y a toute sa place. Il est une manière parmi tant d’autres d’aborder des notions.
Dans notre établissement À l’Ère Libre, nous avons la chance de posséder certaines activités Montessori et je peux m’y référer si un enfant me pose des questions. Et si le matériel lui parle, il aura sans doute envie de l’utiliser en autonomie.
L’école démocratique, c’est apprendre ce que l’on souhaite apprendre au moment où on a envie de l’apprendre. Avec des livres, des jeux de société, en discutant ou en manipulant du matériel Montessori, tout est possible !
Les Assemblées des Membres
Ma première grande surprise, ici, dans cette école démocratique, c’était les Assemblées des Membres : ces conseils au cours desquels toute la gestion de l’école était décidée par l’ensemble des membres. J’étais impressionnée par les capacités des membres, même les plus jeunes, à se faire un avis et à argumenter sur des questions parfois épineuses.
Au cours de ces assemblées, des membres de l’école – jeunes ou adultes – portent les propositions qu’ils souhaitent mettre en place. Cela peut être un matériel qu’ils désirent acheter, un atelier qu’ils souhaitent créer, une sortie qu’ils veulent effectuer ou une règle de l’école qu’ils veulent ajouter, modifier ou supprimer. Après avoir expliqué leurs propositions, les différents membres de l’école partagent tour à tour leurs ressentis. Et ce n’est pas un exercice facile que de se projeter dans le futur, d’imaginer sa vie avec cette proposition, de ressentir ce que cela nous fait vivre et de le mettre en mots. Lorsque chacun s’est exprimé, la proposition est adoptée si le consentement est général, retirée si manifestement elle n’a pas sa place dans l’école ou envoyée en commission si les avis sont partagés ou qu’elle mérite une réflexion plus approfondie.
Je trouvais que cette organisation permettait un vivre ensemble plus serein que mes précédentes écoles. Ici, les règles avaient un sens. Elles découlaient d’une volonté collective et pouvaient être modifiées en cas de besoin. Elles n’étaient pas imposées par une instance supérieure mais consenties comme étant indispensables au bon fonctionnement de l’école.
Mais encore une fois, il est intéressant de constater que ce fonctionnement est en parfait accord avec la vision de l’éducation de Maria Montessori. Ces assemblées des membres pourraient tout à fait avoir lieu dans des écoles Montessori sans en dénaturer la méthode.
Point Journalier
Le point journalier, composé de la météo personnelle et du Quoi de neuf? n’ont peut-être pas beaucoup d’importance aux yeux de nombreuses personnes. Ces deux petits temps occupent à peine trente minutes de notre journée. Mais moi, je les trouve très intéressants.
Nous commençons toutes nos journées par une météo personnelle. Tous les membres de l’établissement se rassemblent dans la grande salle et chacun exprime tour à tour son humeur du jour. Nous essayons de dire des choses plus élaborées que « je vais bien ». Ainsi, nous entendons des « Je suis super heureuse aujourd’hui car ma cousine est à la maison », des « j’ai mal dormi cette nuit. Je sens que je ne vais pas avoir beaucoup de patience aujourd’hui » ou des « j’ai été malade tout le weekend mais je me suis bien reposé. J’ai hâte de commencer cette journée ». Ce partage a pour moi trois intérêts principaux. Dans un premier temps, il permet à chacun de développer sa capacité à identifier et à nommer ses émotions, première étape de la communication non-violente mais aussi outil fort utile dans la vie quotidienne. Ensuite, il permet de prendre la température de chacun et d’adapter son comportement à leur humeur du jour. Et pour finir, il crée une sorte de cohésion de groupe. Il nous rapproche les uns des autres.
Après la météo personnelle, nous faisons un « Quoi de neuf? », outil emprunté à la pédagogie Freinet. Lors du Quoi de neuf?, les membres qui le souhaitent peuvent raconter un petit quelque chose qu’ils ont vécu récemment et qu’ils ont envie de partager avec le groupe. Encore une fois, la cohésion de groupe s’en trouve augmentée et les enfants développent leurs capacités à prendre la parole devant une assemblée.
Est-ce utile de préciser qu’encore une fois ces deux petits temps auraient leur place dans les écoles Montessori ? Je vous laisse le déduire par vous-même.
Conclusion
Les écoles Montessori et les écoles démocratiques ont la même vision de l’enseignement. Les différences entre ces deux pédagogies viennent avant tout de leur histoire et des sensibilités de leurs créateurs. Maria Montessori a axé sa méthode sur un matériel scientifique adapté et ce matériel est devenu le cœur de sa méthode. Les créateurs des premières écoles démocratiques avaient comme priorité un vivre ensemble basé sur des principes démocratiques. Mais les visions de l’enfant sont sensiblement les mêmes et les deux pédagogies se marient à merveilles, comme c’en est parfois le cas pour certaines écoles.