Et si nous parlions de nos émotions…
Lors de la première période de l’année scolaire, j’ai rédigé un article à propos de nos émotions dans le journal de l’école et plutôt à destination des enfants et des adolescents. J’ai décidé d’approfondir le sujet pour le blog de notre école et de partager avec vous quelques informations apprises l’an dernier lors d’une formation sur l’intelligence émotionnelle. Le sujet est extrêmement vaste et riche, c’est pourquoi je vous propose dans cet article de faire une première rencontre avec nos émotions pour mieux les comprendre et aider les autres (nos enfants par exemple) et nous-même à mieux vivre avec et les accepter. Allez, hop ! C’est parti, je vous embarque !
Qu’il s’agisse des nôtres ou de celles des autres, les émotions nous en font voir de toutes les couleurs. Pas toujours facile de les comprendre ou de les accueillir. Pourtant, que l’on soit enfant, ado ou adulte, savoir les apprivoiser est important pour notre bien-être. Mais, nous sommes d’accord, c’est loin d’être facile…
Qu’est-ce qu’une émotion ?
C’est une question qui paraît toute simple, mais la réponse n’est finalement pas si évidente.
Le mot « émotion » vient du latin « ex movere » qui signifie « être en mouvement ». C’est une réaction interne subite et intense qui traverse notre corps et notre esprit. Elle se traduit par des manifestations psychiques – telles que la tension interne ou l’agitation – et surtout physique (tremblements, changements du rythme cardiaque…). Les émotions entraînent des réactions essentiellement physiologiques et ne durent que 3 à 4 min. Il faut les distinguer des sentiments qui, eux, sont plus durables et peuvent même être entretenus, provoquent des réactions psychologiques et passent donc par le mental, les pensées. Une émotion est vécue beaucoup plus forte qu’un sentiment.
Les spécificités des émotions
On peut distinguer 5 spécificités des émotions.
1/ Nos émotions sont uniques car elles sont le fruit de la rencontre entre un/des stimulus/i et une personne.
2/ Elles sont brèves et intenses.
3/ Elles peuvent être agréables ou désagréables – et non pas positives ou négatives car, tout d’abord, même si une émotion est désagréable, elle peut nous être bénéfique, et ensuite parce qu’une émotion est neutre de tout aspect moral.
4/ Elles sont réelles et involontaires même si on cherche parfois à les réfuter, les nier ou les contrôler (#contrôle émotionnel).
5/ Elles sont utiles car, comme nous le verrons plus loin, elles nous communiquent des informations sur la satisfaction ou non de nos besoins physiologiques et/ou psychologiques.
Les composantes d’une émotion
Quand une émotion se manifeste, nous la ressentons physiquement (rougissement, agitation, accélération des battements du cœur, transpiration…). Elles engendrent chez nous différentes pensées plus ou moins positives ou négatives dans notre tête et provoquent un besoin d’action (envie de pleurer, crier, rire, sauter de joie, taper…).
Dans ce processus de dynamique émotionnelle, on peut donc discerner 3 composantes :
- le ressenti physiologique (ou biologique), car le système nerveux central (encéphale et moëlle épinière), le système nerveux autonome (induisant les réflexes dans le corps) et le système endocrinien (à l’origine des émissions d’hormones) entrent en action et vont déterminer la nature et l’intensité d’une émotion,
- l’évaluation cognitive, qui va déterminer l’ensemble des processus mentaux qui vont intervenir dans le traitement de l’information,
- la réaction comportementale qui va différer d’une personne à une autre par des réactions réflexes (le sursaut par exemple) et non verbales (mimiques, posture, gestuelle).
Ces trois composantes fonctionnent en boucle et s’alimentent les unes les autres.
La palette des émotions
Lorsque j’ai dit en début d’article que nos émotions nous en font voir de toutes les couleurs, c’était peu dire… « Avoir une peur bleue », « broyer du noir », « voir rouge », « être vert », « rire jaune » … La langue française regorge d’expression utilisant les couleurs pour évoquer émotions et sentiments.
Par ailleurs, tout comme il existe 3 couleurs primaires (jaune, rouge, bleu), il existe 4 émotions primaires (ou de base) que nous connaissons bien : la joie, la tristesse, la colère, la peur. Certains spécialistes ajoutent aussi la surprise et le dégoût. Le psychologue américain Robert Plutchik (1927-2006) considérait même la confiance et l’anticipation comme des émotions.
Et tout comme il existe des nuances de couleurs primaires dans la palette du peintre, des plus claires aux plus foncées, chaque émotion possède différentes nuances, de la moins intense à la plus intense. La langue française est d’ailleurs une fois de plus riche de nuances pour qualifier nos émotions de façon précise. Voici des exemples d’adjectifs dans ce tableau :
Par ailleurs, de même que le mélange des couleurs primaires nous permet d’obtenir d’autres couleurs, la combinaison de deux émotions primaires donne lieu à une autre émotion. Par exemple, la surprise et la tristesse vont donner la déception ; la peur et la colère vont donner la haine ; ou bien encore le dégoût et la peur vont donner la révulsion. Il existe encore plein d’autres combinaisons possibles et pour ceux qui souhaitent aller plus loin, je vous invite à découvrir le modèle de Plutchik en suivant ce lien : https://positif-et-proactif.com/quest-ce-que-la-roue-des-emotions-de-plutchik/ .
Les besoins cachés derrière nos émotions
Qu’elles soient agréables ou désagréables, il est important d’écouter nos émotions car derrière chacune est caché un besoin humain.
- Si l’émotion est agréable, cela signifie qu’un de nos besoins a été satisfait. Par exemple, si nous nous sentons aimés/es, nous sommes joyeux/ses.
- Si l’émotion ressentie est désagréable, nous pouvons en déduire qu’un besoin n’a pas été satisfait. Par exemple, nous avons peur si nous ne nous sentons pas en sécurité. Ou bien encore, si nous ne nous sentons pas aimés/es, nous sommes tristes.
De nombreux psychologues se sont penchés sur ces besoins.
Abraham Maslow (1908- 1970) avait par exemple établi une pyramide pour mettre en évidence et hiérarchiser les besoins fondamentaux humains.
Direction ce lien pour approfondir le sujet!
Marshall Bertram Rosenberg (1934-2015), psychologue à l’origine du mouvement de la CNV (Communication Non Violente), a, quant à lui, déterminé 10 besoins recouvrant toute la palette des besoins humains. Le site internet www.laforetquipousse.com nous les présente joliment.
En fait, quand nous arrivons à identifier les besoins cachés derrière nos émotions, même les plus désagréables, celles-ci deviennent alors une puissante boussole pour nous aider au quotidien à prendre les bonnes décisions, c’est-à-dire celles qui sont en accord avec nous-même.
Pour conclure, des pistes pour vivre avec nos émotions
Savoir identifier, comprendre, réguler, exprimer et utiliser nos émotions est vraiment important car lorsque nous y arrivons, elles nous permettent d’être bien dans notre tête, d’être en bonne santé, d’avoir de bonnes relations avec les autres et de développer nos propres capacités. Bien sûr, il n’est pas forcément évident de déterminer quelle(s) émotion(s) nous ressentons, ou quel besoin se cache dernière, mais cela s’apprend et il n’est jamais trop tard pour cela et pour nous faire accompagner dans cette vaste et intimidante aventure. Alors voici un petit exercice que vous pouvez réaliser (par écrit c’est mieux si c’est possible) lorsque vous ressentez fortement une émotion et que vous vous sentez démunis face à elle.
Etape 1 : J’identifie l’élément déclencheur de cette émotion.
Etape 2 : J’identifie l’émotion ressentie.
Etape 3 : J’identifie le ou les besoin(s) contrarié(s).
Etape 4 : Je détermine l’action à engager pour retrouver un équilibre,
prendre une décision juste et alignée avec mes aspirations profondes.
La méditation est aussi un excellent moyen de développer son intelligence émotionnelle. Psychologues, sophrologues, coaches en développement personnel sont aussi là pour nous aider à rencontrer et vivre avec nos émotions sans les rejeter. C’est un travail de longue haleine, une sorte de muscle à entretenir mais qui cela en vaut tellement la peine !!
NB : Pour réaliser cet article, je me suis inspirée de la formation « Intelligence émotionnelle – La boîte à outils pour apprivoiser le monde mystérieux des émotions et développer ses compétences émotionnelles » proposée par Steeve Jurion, auteur, coach en neurosciences, conférencier et formateur dans le domaine de l’Hypersensibilité (Gestion des Emotions-Affirmation de Soi- Trouver sa place dans la vie).
Article rédigé par Hélène Viola